Le syndrome du canal carpien (SCC) présente une incidence d’environ trois pour mille en France, soit environ 200 000 nouveaux cas chaque année. Le syndrome du canal carpien est le trouble musculosquelettique le plus fréquent observé dans les statistiques des maladies professionnelles indemnisables.
Des signes cliniques aux causes pouvant entraîner le syndrome du canal carpien, il est important de mieux comprendre le problème afin de mieux prévenir et de lutter efficacement.
Syndrome du canal carpien : de quoi s’agit-il ?
Le syndrome du canal carpien est une affection relativement courante provoquant des douleurs, des engourdissements et des fourmillements au niveau des bras et des mains. La maladie survient lorsque l’un des nerfs majeurs de la main, à savoir le nerf médian, est comprimé au cours de son passage dans le poignet.
La plupart des patients observent une aggravation du syndrome du canal carpien avec le temps. À ce titre, un diagnostic et un traitement précoces sont importants. En effet, si les symptômes peuvent être soulagés grâce à des mesures simples lorsque la maladie fait son apparition, c’est-à-dire au début, les traitements à envisager sur le long terme sont, quant à eux, plus lourds. Si la pression au niveau du nerf médian se poursuit sur la durée, il est possible qu’elle entraîne des lésions nerveuses et une aggravation des symptômes. Pour éviter des dommages permanents, une intervention chirurgicale est parfois nécessaire, afin de soulager le nerf médian chez certains patients.
Canal carpien : quelques éléments d’anatomie
Le canal carpien est un passage étroit au niveau du poignet. Ce canal protège les tendons du nerf médian et des fléchisseurs qui permettent de plier les doigts et le pouce. Le canal carpien est recouvert d’une épaisse bande de tissu conjonctif, le ligament carpien transverse. Les zones qui délimitent le passage du canal carpien étant rigides, ce dernier a une très faible capacité à pouvoir « s’étirer » ou à augmenter en taille.
Le nerf médian est l’un des principaux nerfs de la main. Il est directement lié à un groupe de racines nerveuses au niveau du cou. Ces racines se rejoignent pour former un seul nerf dans le bras. Le nerf médian descend ainsi le long du bras, de l’avant-bras, traverse le canal carpien au niveau du poignet pour arriver dans la main. Le nerf médian permet au pouce, à l’index, au majeur et à l’annulaire d’avoir des sensations. Ce nerf contrôle également les muscles se trouvant autour de la base du pouce.
Neuf tendons appelés « tendons fléchisseurs » permettent de plier les doigts et le pouce : ils passent également par le canal carpien.
Syndrome du canal carpien : les symptômes
Le syndrome du canal carpien survient lorsque le tunnel se rétrécit ou lorsque les tissus (membrane synoviale) qui entourent les tendons fléchisseurs gonflent, exerçant une pression sur le nerf médian. En temps normal, la membrane synoviale permet de lubrifier les tendons, facilitant ainsi le mouvement des doigts. Lorsque cette membrane s’épaissit, elle occupe de la place dans le canal carpien est, avec le temps, perturbe le nerf. Il s’exerce alors une pression anormale sur le nerf médian, pouvant entraîner une douleur, des engourdissements, des fourmillements, des picotements et une faiblesse au niveau de la main.
Parmi les symptômes du syndrome du canal carpien :
Des engourdissements, des fourmillements et même une sensation de brûlure douloureuse, principalement au niveau du pouce, de l’index, du majeur et de l’annulaire
- Des sensations de choc occasionnel irradiant du pouce vers l’index, majeur et l’annulaire
- Une sensation de picotements douloureuse qui peut remonter au niveau de l’avant-bras et de l’épaule
- Une faiblesse au niveau de la main entraînant des maladresses et perturbant le quotidien
Généralement, les symptômes du syndrome du canal carpien apparaissent progressivement. Au début, les patients remarquent des symptômes qui vont et qui viennent. Au fur et à mesure du temps, la situation s’aggrave et les symptômes sont plus fréquents et ont tendance à persister. En outre, les symptômes nocturnes du syndrome du canal carpien sont fréquents, notamment chez les individus exerçant une activité prolongée durant la journée, le poignet penché en avant ou en arrière, comme par exemple lors de l’utilisation du téléphone, de la conduite automobile ou du travail sur l’ordinateur.
Quelles sont les causes du syndrome du canal carpien ?
Il n’existe pas une seule cause sur laquelle pointer du doigt. En réalité, la plupart des cas de syndrome du canal carpien ont pour origine, un ensemble de facteurs. Des études scientifiques indiquent que les femmes et les personnes âgées sont plus à risque de développer la maladie. D’autres facteurs de risque du syndrome du canal carpien incluent :
- Les facteurs héréditaires, probablement les plus importants. Chez certaines personnes, la taille du canal carpien est plus réduite et certaines différences anatomiques modifient la quantité d’espace disponible pour le nerf médian. Il s’agit de facteurs héréditaires dans certaines familles.
- L’utilisation répétitive des mains, la répétition des mêmes mouvements ou activités de la main et du poignet pendant une période prolongée peut aggraver les symptômes, les tendons du poignet étant davantage sollicités, ce qui peut provoquer un gonflement au niveau du canal carpien et donc, exercer une pression sur le nerf.
- La position de la main et du poignet lors d’activités impliquant une flexion extrême ou une extension de la main pendant une période prolongée peut augmenter la pression sur le nerf
- La grossesse et les changements hormonaux qui interviennent durant cette période de la vie d’une femme peuvent provoquer un gonflement
- La santé : certaines maladies comme le diabète, la polyarthrite rhumatoïde et le déséquilibre thyroïdien sont associés au syndrome du canal carpien.
Les traitements du syndrome du canal carpien
En raison du fait que le syndrome du canal carpien se développe avec le temps et s’aggrave sans traitement, il est important que le médecin le diagnostique rapidement. Au début, il est possible de ralentir, voire même d’arrêter la progression de la maladie.
Parmi les traitements actuellement disponibles :
Le traitement sans intervention chirurgicale est proposé aux individus dont les symptômes sont légers et pour lesquels le diagnostic reste incertain. Parmi les solutions proposées :
- Le port d’une attelle au cours de la nuit afin d’empêcher de plier la poignée pendant le sommeil. Le poignet restant en position droite ou neutres au cours de la nuit réduit la pression sur le nerf médian dans le canal carpien. Certains individus portent également une attelle durant la journée, notamment lorsque les activités qu’elles effectuent aggravent les symptômes.
- L’adaptation des outils de travail notamment dans le cadre du travail sur ordinateur, avec le remplacement de certains éléments avec des équipements spécialement étudiés.
- Les traitements anti-inflammatoires non stéroïdiens à base d’ibuprofène et de naproxène permettent d’atténuer la douleur et l’inflammation
- Le changement d’activité, lorsque les symptômes surviennent, après une position trop longue, en particulier lorsque le poignet est fléchi ou étendu
- Des exercices physiques permettant au nerf médian de se déplacer plus librement au sein du canal carpien, recommandés par le médecin ou le thérapeute
- Des injections de stéroïdes (corticostéroïdes, cortisone) faisant appel à de puissants agents anti-inflammatoires pouvant être injectés directement dans le canal carpien.
Le traitement avec intervention chirurgicale est préconisé lorsque les autres traitements ont échoué ou que la maladie est avancée. L’intervention chirurgicale est appelée « libération du canal carpien ». Elle consiste à soulager la pression exercée sur le nerf médian, en coupant le ligament qui forme le toit du tunnel. Ceci permet d’augmenter la taille du tunnel du canal carpien et diminue la pression sur le nerf médian.